De Cotonou aux grandes scènes du monde
Depuis plus de trois décennies, le plasticien béninois Charly d’Almeida donne une voix aux matières délaissées. Bois, métal, rebuts urbains : tout devient langage entre ses mains. Collectionnées en Europe, admirées aux Amériques, scrutées en Afrique, ses œuvres ont traversé les continents, avant de revenir au Bénin avec un projet singulier : Gallery Charly, inaugurée à Cotonou en décembre 2018. Cet espace se veut un lieu de réception, d’exposition, mais aussi de transmission, ouvert aux passionnés comme aux curieux, jusqu’aux étudiants et écoliers qui s’y découvrent une vocation artistique.
De la peinture à la sculpture : une évolution instinctive
Autodidacte dans ses débuts, Charly d’Almeida s’est d’abord formé à la peinture dès la fin des années 1980. Très vite, son goût pour le bricolage et l’assemblage l’a conduit vers la sculpture. Sous l’influence de maîtres comme feu Joseph Kpobli, il a trouvé dans la tridimensionnalité un terrain fertile pour élargir son langage visuel. La sculpture s’est imposée comme une nécessité : celle d’approfondir ses recherches et d’incarner plus directement ses intuitions.
L’art comme miroir de la société
L’environnement de Cotonou est au cœur de son processus. Dans les rues, sur les marchés, dans les rebuts, il trouve la matière brute qu’il transforme en œuvres. Chaque fragment de métal, chaque bois usé porte déjà une mémoire que l’artiste ravive. Ses œuvres phares interrogent sans détour la pollution, la pauvreté, la consommation. Elles ne délivrent pas de réponses, mais tendent des miroirs, invitant chacun à réfléchir à son rapport au monde.
Vodoun, mémoire vivante
Si ses créations dialoguent avec le monde contemporain, elles restent profondément enracinées dans l’imaginaire vodoun. Non pas comme religion, mais comme une matrice culturelle. Les symboles, les matériaux, les esprits d’Ogun et des ancêtres affleurent dans son art, inscrivant chaque pièce dans une tradition vivante qui relie visible et invisible.
Reconnaissance et transmission : un artiste en mouvement
De Dakar à Paris, de Milan à Washington, Charly d’Almeida a multiplié résidences et expositions, confirmant que ses matériaux locaux pouvaient dialoguer avec des publics très divers. « L’art est un langage universel », rappelle-t-il, fort de plus de vingt ans d’expérience internationale et d’une reconnaissance acquise sur les cinq continents. Mais aujourd’hui, l’artiste regarde au-delà de son propre parcours. Avec Gallery Charly, il veut rendre l’art contemporain africain plus accessible, notamment à la jeunesse. Des ateliers, des rencontres et des projets pédagogiques y sont développés pour initier les jeunes à la création et leur montrer qu’elle peut être un levier d’émancipation.
En 2025, deux rendez-vous marquent son agenda :
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une restitution collective de résidence à l’Espace Culturel Le Centre (fin août – début septembre) ;
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une exposition personnelle en novembre à Gallery Charly, intitulée « Champs du sensible (le visage est un champ de tension) ».
Gallery Charly : un espace pour voir, apprendre et transmettre
Inaugurée en décembre 2018 à Cotonou, Gallery Charly est née de la volonté de l’artiste de créer un lieu de rencontre et de diffusion de l’art contemporain africain. Construite dans un design moderne, elle comprend deux espaces d’exposition — une salle intérieure et une terrasse — où se côtoient œuvres, discussions et découvertes. Ouverte au grand public, la galerie accueille aussi bien les amateurs d’art que les étudiants, élèves et jeunes créateurs, invités à explorer la création contemporaine et à échanger directement avec les artistes.
Au-delà des expositions, Gallery Charly se veut un espace vivant : on peut y consulter des catalogues, des essais théoriques sur l’art africain contemporain, ou encore participer à des rencontres-débats sur la production artistique actuelle.
Gallery Charly est ainsi le témoin vivant d’une ambition : faire de l’art un langage universel, enraciné et accessible, pour le Bénin et pour le monde.