Quand on parle de la nouvelle vague du streaming francophone en Afrique, un nom résonne avec une audace particulière : Sedo+. Ce n’est pas juste une plateforme de plus ; c’est le rêve tenace d’un homme, Sèdo Tossou, qui a décidé qu’il était temps pour l’Afrique de raconter ses propres histoires. Lancée officiellement le 7 juillet 2025, Sedo+ est pensée comme une véritable maison, un studio ouvert, et surtout, un pont direct entre les créateurs et leur public.
L’homme derrière la vision : Sèdo Tossou, l’ingénieur devenu conteur
Qui est Sèdo Tossou ? Un Franco-Béninois né en 1995, au parcours aussi riche qu’étonnant. Imaginez : il commence comme ingénieur électronicien, passe par la musique, puis se forme à la prestigieuse New York Film Academy.
Sèdo a rapidement compris une chose cruciale : ce n’était pas suffisant d’être devant ou derrière la caméra. Il fallait inventer les règles du jeu. Il fallait bâtir le terrain pour que les récits africains ne dépendent plus de la permission de quiconque. C’est de là qu’est née sa conviction profonde : il devait construire « une maison pour tous ces films, séries et talents qui méritent d’exister sans permission ».
« Je ne cherche pas à faire comme les géants, mais à faire mieux » Sèdo Tossou, avec l’ambition de celui qui connaît ses limites, mais aussi son potentiel. Aujourd’hui, sa passion s’articule autour de trois piliers interconnectés : former les talents (via son école), créer des œuvres (par ses productions), et enfin, diffuser (avec Sedo+). C’est une vision complète, de la graine à l’écran.
L’offre : du local, de l’authentique, du concret
La plateforme n’est pas un simple hébergeur de contenu. C’est un partenaire qui produit, soutient, et met en lumière l’authenticité. Regardez le catalogue :
- L’anecdote de la relocalisation : On y trouve déjà l’exemple parfait du succès local avec la série 100 % béninoise La Maison Tinwé, entièrement conçue, écrite et produite sur place par Sèdo et son équipe.
- Les pépites du quotidien : Il y a aussi la sitcomAlokan, un succès qui croque le quotidien d’un centre d’appel au Bénin, illustrant cette capacité à rire de soi et de son environnement.
- L’inspiration sans filtre : La docu-série Handoriyasuit de jeunes Africains dans leur quête d’émancipation, offrant des modèles d’inspiration à la jeunesse.
- La formation en coulisses : Les « Creator Talks »proposent des entretiens avec des créateurs de renom, comme si vous étiez dans les coulisses avec eux, prêts à apprendre.
Le modèle est aussi humain que le contenu : une partie est gratuite pour attirer et démocratiser, l’autre est sous abonnement. Mais surtout, Sèdo affirme un engagement clair pour les créateurs : 50 % des revenus (pub + abonnements) leur sont directement reversés. C’est plus qu’un partage, c’est une reconnaissance de la valeur de leur travail.
Le Numérique : un outil de libération
Pour Sedo+, le numérique n’est pas qu’un canal ; c’est le moyen de libération d’une génération. Grâce à son application mobile et à son espace communautaire, l’écran devient un lieu d’échange, brisant les barrières de la distribution classique et de la géographie. C’est le moyen d’affirmer, œuvre après œuvre, une véritable souveraineté culturelle.
Pourquoi cette plateforme nous touche
Pour le Bénin, Sedo+ est une fierté : c’est le signe que l’on peut enfin « tenir sa caméra », sans attendre l’aval des chaînes étrangères ou des formats imposés. Pour l’Afrique francophone, c’est une démonstration éclatante : on peut penser, produire et diffuser par nous-même, avec nos histoires, notre langue, nos codes. C’est un véritable catalyseur pour l’industrie culturelle en plein essor.
Les défis : l’authenticité plutôt que le gigantisme
Évidemment, Sèdo Tossou est lucide : financement, accès à internet, moyens de paiement, le chemin sera parsemé d’embûches. Mais c’est là que l’approche devient touchante : il a choisi un modèle volontairement artisanal et humain. Des tournages légers, des équipes agiles, et une priorité absolue donnée à l’authenticité plutôt qu’aux effets spéciaux massifs. C’est l’approche du conteur, pas celle du blockbuster.
En conclusion : Sedo+, c’est l’affirmation d’une voix
Sedo+ est bien plus qu’une plateforme de streaming, c’est le signal que le récit africain ne sera plus jamais relégué à la marge. Avec Sèdo Tossou, cet homme passionné et déterminé, l’Afrique s’arme pour relater librement, localement et globalement. « Ingénierie, écriture, diffusion», tout est pensé pour que le cinéma africain ne soit plus un espoir lointain, mais un acteur à part entière du paysage mondial.
Pour nous, lecteurs d’OUKOIKAN, ce n’est pas juste un nom à retenir, c’est une révolution à suivre de près.