A l’instar du Nigéria qui a le Asho Oké et du Mali qui a le Bologan, le Bénin possède également un tissu 100 % local : le Kanvô. Cette étoffe dont l’appelation signifie littéralement “pagne de fils” était autrefois entièrement tissée à la main d’où son nom de “pagne tissé”. Lourd, noble et royal, le Kanvô a au fil des années connu quelques modifications visant à lui donner une touche de modernité. Il n’a cependant rien perdu de son aspect culturel.
Historique du kanvô
Le kanvô a été introduit au Danxomè au 18e siècle par Agonglo, qui était à l’époque roi du royaume d’Abomey. L’histoire raconte que le souverain, lors d’une expédition de conquête en terre Yoruba, ayant remarqué le travail d’un jeune tisserand, l’invita à s’installer à Abomey en tant qu’habilleur spécial du roi. Le jeune tisserand accepta l’offre et suivit le roi, introduisant ainsi l’art du tissage à Abomey. En leur qualité d’habilleurs royaux, les tisserands étaient logés dans une case privée et nourris exclusivement par des femmes ménopausées.
C’est le roi Guézo, fils d’Agonglo, qui a vulgarisé le kanvô. Des familles entières de tisserands ont ainsi vu le jour, mais le pagne tissé a conservé sa noblesse et est resté l’apanage des rois. Pour fabriquer le kanvô, les tisserands utilisaient des fibres de coton, de lin ou de chanvre, ce qui leur permettait de créer une étoffe 100 % naturelle.
Le kanvô est parfois confondu au « Tako » (pagne tissé en Baatonu) qui lui est originaire du Nord-Bénin plus précisément de l’Atacora. C’est ce qui illustre la présence de différents types de pagnes tissés sur le marché béninoise.
Autrefois, le tissage se faisait sur un métier à tisser artisanal et la réalisation d’une étoffe pouvait prendre plusieurs mois. Pendant le tissage, les tisserands créaient des motifs complexes tels que des emblèmes royaux, des images variées et des couleurs diverses qui racontent tous une histoire.
Le kanvô dans la société traditionnelle : fonctions et usages
A l’origine, seuls les rois et certains membres de la cour royale étaient autorisés à arborer un kanvô. En fonction de la qualité des matériaux et des motifs imprimés dans le tissu, on pouvait deviner le rang de la personne qui le portait. Certains motifs étaient d’ailleurs propres à certaines familles. On pouvait donc savoir de quelle famille descendait tel ou tel individu tout simplement en regardant son pagne tissé.
Il faut préciser que le kanvô était utilisée pour confectionner des tenues d’apparat. Elles se portaient à des occasions spéciales comme une cérémonie royale on d’initiation, une grande fête, pour accueillir et impressionner des visiteurs étrangers, etc.
Evolution du kanvô : de la tradition à la modernité
Depuis quelques années, le kanvô n’est plus exclusivement réservée à la royauté ou aux nobles. N’importe qui, même un citoyen lambda ou encore un touriste peut s’habiller avec cette étoffe. Ceci est possible grâce aux artisans locaux qui ne cessent de travailler à perpétuer la tradition tout en rendant le tissu plus attrayant.
D’une part, l’introduction de fil de soie ou de fil de coton industriel dans le processus de tissage a permis de rendre le tissu plus souple donc plus maléable. Il est devenu plus facile de l’utiliser pour créer différents styles de vêtements. D’autre part, le Kanvô ne coûte plus aussi cher qu’autrefois, ce qui l’a rendu accessible à certaines couches de la population.
Le kanvô aujourd’hui : tendances et créateurs emblématiques
Aux temps anciens, le Kanvô se portait surtout noué autour de la taille ou drapé par-dessus l’épaule. Aujourd’hui, il entre dans la confection de chemises, vestes, bombers, robes, sacs, cravates, chapeaux et autres accessoires de mode.
Le Kanvô est plébiscité par des créateurs tels que Lolo Andoche, Félicien Casterman, Edi Sessi, et Loan-H. Ces derniers l’associent à d’autres étoffes comme la soie, le coton et le lin pour créer des pièces uniques et attrayantes. Leurs créations représentent d’ailleurs valablement le Bénin lors d’événements internationaux comme le Festival International du Pagne Tissé (FIPaT) qui se déroule au Bénin et le Salon International du Textile Africain (SITA).
Le Kanvô est le seul tissu 100 % béninois. L’adopter, c’est promouvoir l’artisanat local à travers le Bénin et même à l’extérieur. C’est aussi une belle façon de booster notre économie. Le “Label Kanvô” crée par le gouvernement en 2017, en communion avec différents stylistes et modélistes Béninois, s’inscrit d’ailleurs dans cette logique de valorisation culturelle et culturelle du pagne tissé béninois.
Adresses utiles :
- Loan-H – Cotonou – 01 66 66 66 13
- Kanvo by Kérine – Abomey-Calavi – 01 97 56 68 71
- Atchotepe (Edi Sessi) – Zongo-Ehuzu – 01 97 15 99 00
- KANVO Showroom (Lolo Andoche) – Étoile Rouge – 01 97 29 58 58